C’est avec une certaine stupéfaction que les nantais ont découvert il y a peu, le nouveau programme d’habitations à contrat déterminé (HCD) proposé par la SEM de la ville de Nantes. Ces logements, dont l’usage est prioritairement destiné à des personnes nécessiteuses, font aujourd’hui l’objet d’une vive polémique.
En premier lieu, c’est leur situation géographique dans la ville qui dérange. Pourquoi construire de tels logements sur le quai de la fosse ? Situé en face du parc des chantiers, qui constitue l’un des points d’attractions culturelles les plus importants de la région, cet ensemble d’habitations individuelles créé une véritable balafre dans le paysage nantais. Les concepteurs ont tenté de minimiser l’impact de ce projet, en posant ces habitations sur des flotteurs légèrement déportés du quai. Affectées par le rythme des marées, ces cellules de vie sont censées “communiquer” harmonieusement avec le paysage.
Communiquer. C’est de cet autre point que la polémique naît.
Afin de minimiser les coûts de construction et d’entretien des logements, la SEM a lancé un appel d’offre pour trouver un partenariat privé spécifique à cette opération pilote. Après plusieurs négociations, ce fut finalement un groupement international de brasseurs de bière qui remporta le marché. Mais à quel prix ? Car au-delà de la similitude morphologique flagrante entre une cellule d’habitation type et une bouteille de bière, c’est surtout la publicité pour des boissons alcoolisés affichée sans aucune pudeur au beau milieu de la ville qui fait gronder les associations de riverains.
En dehors d’une interprétation plus que litigieuse de la loi Evin, c’est surtout la nature des occupants de ces logements qui dérange: SDF, fêtards, toxicomanes, bobos en mal d’aventure, étudiants égarés… Les happy hours quotidiennement organisées par ces curieux mécènes du social, ont déjà provoqué de nombreux incidents. Aujourd’hui, une question se pose : pourquoi cette marge est-elle soudainement exposée à tous tous avec la bénédiction des pouvoirs publics ?