Peu de gens le savent, mais André Breton, suite à sa rupture avec Jacqueline Lamba,
se prit de passion pour la plomberie et la botanique.
La plomberie, selon lui, résumait un des deux aspects de l’amour :
celui de la communication des cœurs.
La botanique, au delà de lui rappeler le souvenir d’un ex beau père
ingénieur agronome et par là même le souvenir douloureux de Jacqueline,
synthétisait quand à elle l’autre aspect de l’amour : l’amour charnel et convulsif.
Avec l’aide de son ami Fleury Joseph Crépin, ancien plombier devenu peintre,
il entreprit de mettre à profit ses deux passions pour crier son amour fou
et encore brûlant pour Jacqueline en réalisant un jardin surréaliste, délicieux et délirant.
Ce jardin, reconstitué pour ce festival, est constitué d’un cœur bouillonnant
dont les artères, telles des serpents flamboyants, se faufilent à travers des plantes
fruitées, sucrées, parfumées, grimpantes, rampantes, géantes, fantastiques et rougeoyantes.
Ces artères s’ouvrent vers le ciel pour récolter ses larmes
ou se déploient devant vous pour que vous puissiez crier votre amour.
Des hamacs y sont suspendus afin que vous puissiez attendre confortablement
votre bien-aimé(e) en vous lovant patiemment dans le désir.
"Le désir, seul ressort du monde, le désir, seule rigueur que l’homme ait à connaitre"
André Breton, L’amour fou.
Séquence d’entrée
«Je suis immédiatement confronté à une végétation dense et foisonnante.
La taille des végétaux , l’originalité des floraisons, la présence de fruits et de fleurs rouges, et l’effet de brume me plongent dans un univers merveilleux, enchanteur, déroutant.
Suis-je en train de rêver ?
Je n’ai jamais vu de plantes aussi grandes !
Ni des fraises aussi grosses d’ailleurs !
Certains éléments me permettent de comprendre qu’un système complexe de réseau est à l’origine de cet environnement.
J’aperçois entre les feuillages une structure qui tantôt est support de végétation tombante, tantôt
s’élève vers le ciel pour se terminer en une d’entonnoir… Peut-être pour récolter la pluie…
La perception de sons étranges qui me rappelle le son des didgeridoos rend l’atmosphère encore plus mystérieuse.
D’où proviennent ses sons ?
D’où arrivent ces tuyaux ?
Tout semble m’inviter à traverser ce jardin pour le découvrir.»
Séquence jardin
«Je passe sous la structure, la longe, découvre des plantes géantes…
Mais qu’est-ce que cette fleur sublime ? Oh! Des piments! ou serait-ce des poivrons ? Je me love dans un hamac installé dans une alcôve au milieu de

cette luxuriance. Le temps s’arrête…
Tout ce rouge éveille en moi des passions endormies, quelques souvenirs charmants aussi…
Un nouveau son étrange m’arrache à mes pensées.
J’aperçois le cœur du système, structure complexe de tuyaux entremêlés.
On dirait qu’un plombier est devenu fou!»
Séquence cœur du système
«Je pénètre au cœur de la structure et découvre une véritable machine presque organique.
Le ciel de tuyaux qui flottent alimente des végétaux grimpants ou suspendus.
La machine semble puiser l’énergie nécessaire à la création du jardin dans un bassin d’eau rouge
bouillonnant.
On dirait une source magique… ou un philtre d’amour !
Est-ce l’eau qui a coloré le jardin ?
La couleur a même envahi le sol.
J’actionne une manette. Elle déclenche un nuage de brume dans le jardin.
Je comprends mieux…
A l’extrémité d’un des tubes, une sorte de haut parleur semble être l’origine des sons que je percevais
tout à l’heure.
A mon tour d’essayer…»
Projet conçu par le collectif WAPAO (Philippe Paoli & Gwenaëlle Watrelos)
& l'atelier MOKA (Maude Caron)
dans le cadre du concours pour la 21ème édition
du Festival international des Jardins de Chaumont-sur-Loire (2012).

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